Certaines personnes sont destinées à naître du mauvais côté, de se sentir étrangement attirés par les ténèbres alors que tout le monde leur crient d'aller vers la lumière. Et si depuis le berceau, depuis la seconde où je poussai mon premier cri, j'avais été touchée par la marque d'une entité malsaine, sans le vouloir, sans pouvoir rien y changer ? Est-ce que ça ferait de moi un monstre conscient de ce qu'il est, ou me pardonnerait-on, prétextant une mauvaise éducation, des parents peu attentifs, de mauvaises fréquentations ? Et si la vérité était toute autre ?

Tout serait bien plus simple si j'était née de parents pauvres, drogués, alcooliques, violents. Descendante de parents indignes, on m'aurait pardonné toutes mes erreurs, on aurait plus aisément cru mes larmes de crocodiles aditionnés à mes tremblements incessants en essayant de se dire que, je pouvais encore changer. La vérité, c'est que je suis née dans une famille économiquement aisée, de deux bons à rien de parents qui ont survécu assez longtemps pour faire cinq enfants et mourrir quelques années après la dernière naissance. Une sorte d'aura noire a toujours planée sur les Attwood, nous donnant une réputation de mages noires redoutables, reniés par la plupart des grandes familles russes. C'est sûrement pour cela que depuis que j'atteind l'âge de raison, je me mis à détester tous ces nobles russes qui méprisait ma famille sans le cacher le moins du monde. Il est vrai que je n'ai jamais eu de grandes affections pour ma famille, mais je fus élevée dans le principe que la famille primait avant tout et que le moindre étranger qui essayait de nous déssimer devait être puni sévèrement. Peut-être devrais-je me présenter à présent; je suis Mildried Attwood, deuxième fille de Mérilie et Marcus Attwood. Bien que tout deux originaires de Londres, Angleterre, mes parents s'installèrent dès leur plus jeune âge en Russie et en prirent la nationalité. Je poussais mon premier cri à Zverevo, un vingt-huit février, et quelques années après, j'eu le droit à la naissance de deux petits frères et une benjamine. Avant moi, il y avait Stan, deux ans de plus que moi, qui avait pris la mauvaise habitude de se prendre pour le petit chef, jaloux de ne pas être fils unique. Mon rôle à moi était très simple. Je passais mes journées entourées de mes petits frères et soeurs, à leur inculquer toutes sortes de mauvais conseils, les envoyant attaquer les voisins du quartier, les obligeant à voler l'argent de Stan sans qu'il ne le remarque. Les fois où les mômes se faisait prendre et m'accusait, je me chargeait toujours de me faire passer pour l'innocente. Il faut dire que mon visage d'ange m'a toujours aidée à me faire aimer de tous. Vous l'aurez peut-être compris, je suis de loin la pire des garces que vous connaissez, celle qui vous jetterais dans la gueule du loup pour se sauver la peau. Je n'aime personne, même pas les membres de ma propre famille, alors qu'est ce qui vous fais penser que j'aurais ne serait-ce que la moindre compassion pour votre petit être?

Je suis votre pire cauchemard, celle que vous mourrez d'approcher mais une fois touchée vous effraie au point de vous faire partir en courant. Celle qui ne vous accordera jamais de deuxième chance, qui ne tombera jamais plus amoureuse, qui a vendu son âme au Diable depuis bien longtemps, qui en connaît bien plus sur la magie noire qu'elle ne le laisse voir. Et pourtant, je n'ai jamais été seule. En plus de cette aura noire qui s'est impregnée parmis tous les pores de ma peau, j'ai cet étrange fagilité qui ne laisse personne insensible. Je vous fascine, vous mourez de m'approcher pour comprendre d'où viens toute cette arrogance qui s'entre-mêlent à une fragilité hautaine et innaccessible. Personne n'a jamais réussi à me cerner. Certains pensent que je suis instable, que quelque chose ne tourne pas rond dans ma tête. Peut-être on-t-ils raisons, que je ne suis qu'une folle que personne n'a encore osée enfermée à double tour. Et si la vérité était toute autre? Si la simple mention de mon nom réussit à faire trembler la plupart des sorciers, avez-vous déjà imaginer ce que ce serait d'être une digne héritière d'une famille de mages noires, d'incarné un cliché ambulant et d'être pourtant dix fois pire? Personne n'a jamais connu quelqu'un de mon envergure, et les rares personnes qui ont réussis à percer ma bulle de protection s'en sont rapidement mordus les doigts.

Je ne suis pas Dieu, je ne me tais pas devant une injustice, devant la provocation. Je suis plutôt comme le Diable, je murmure mes envies à l'oreille distraite de ma victime, lui inculque mes idées, le force à abdiquer dans un simple murmure, doux et enivrant. Je m'insinue dans vos veines comme le pire des poisons, prenant lentement possession de votre être. Et ça, mes chèrs amis, c'est bien pire que tout. Le temps que vous vous rendiez compte de ce qu'il se passe, ce sera déjà trop tard. Mon règne aura déjà commencé.

" Nous sommes réunis, en ce tragique jour, pour rendre nos derniers hommages à Mérilie et Marcus Attwood, qui se sont éteinds ce 22 février..."

Les mots se perdirent dans la brume, ou du moins c'est le sentiment que j'eu à ce moment là. Je n'entendais plus rien. La neige, qui était tombée la veille dans le cimetière, me brûlait les pieds, le vent me séchait les lèvres tandis que mes yeux me piquait affreusement. Tout le monde devait penser que je pleurais, mais la rougeur de mes yeux n'était dû qu'à ce satané vent. Accroché tout contre moi, mes deux petits frères et ma soeur pleuraient en silence ce départ si brutal. Stan, qui me tenait fermement la main, avait les yeux plantés dans le vide, comme si tout cela ne le touchait pas. J'avais toujours été fascinée par le talent qu'avait mon frère à chassé ses émotions les plus fortes et revêtir un masque serein. C'était lui qui avait, une fois de plus, tout planifié. Dès la minute où il avait appris l'accident de voiture dans lequel nos parents venaient de perdre la vie, il s'était adressés aux grandes personnes, pour savoir quoi faire. Il n'avait que quinze ans et pourtant, il ne pleurait plus depuis des années. Je n'avais jamais vu quelqu'un d'aussi fort et fier que lui. J'éprouvais une admiration sans fin pour celui qui m'avait toujours parlé comme si j'était une adulte et non une gamine de treize ans. Je me rappelle avoir été folle de rage lorsqu'il m'avait ordonnée de m'occuper des momes. Agés respectivement de dix, huit et six ans, ils ne comprennait pas encore très bien ce qu'il venait de se passer et j'étais censé leur apporter le réconfort qu'ils demandait à grand cris. Et ce fut bien là où le bas blessait, je n'était pas faite pour réconforter mais pour diriger. Pour aider les autres, il faut avoir un peu de compassion, beaucoup de tendresse et une infinie patience. Tout cela, du haut de mes treize ans, je ne l'avais pas. Au début, je pensais que mes différentes émotions se développeraient au fur et à mesure, que j'étais encore trop jeune pour ressentir quoi que ce soit. Avec le temps, je compris bien vite que je n'étais pas comme tout le monde, que toutes ces émotions ne seraient jamais pour moi. J'avais donc toujours feint mes émotions, ou du moins j'essaye encore de montrer qu'à part la rage qui bouillonne constamment en moi, il m'arrive de pouvoir éprouver de la compassion, de la tristesse et autres sentiments envers les autres. La vérité, plantée devant ces deux cercueils, je me plaignais plus de mes pieds congelés que de savoir si mes parents avaient trouvés enfin la paix. Les larmes de mes frères trempaient la robe noir que l'on m'avait forcée à enfilée. Je caressais distraitement le dos de ma petite soeur, que j'avais finalement pris dans mes bras, gardant toujours ma main libre dans celle de mon grand frère. Nous étions devenus orphelins, immensement riches mais sans parents, des pauvres petites choses lachées dans un monde de brutes.

" Milie, tu veux dire quelque chose?"

La voix de mon frère s'était élevée, forte et remplie d'une sécurité sans pareil, il venait de percée ma bulle transparente, m'arrachant à tous ces souvenirs qui dévalait à toute vitesse. Je battis des cils plusieurs fois, regardant le visage de Anya, rougie par le froid, tremblant de tout son petit corps. Instinctivement, je la serrai un peu plus contre moi et lui tapotai machinalement le dos, pensant que ces simples gestes suffiraient amplement à la réconforter.Je parcourai rapidement des yeux les pierres tombales qui surplombaient ces deux cercueils d'un blanc viriginals, placés l'un à côté de l'autre. Unis jusqu'au delà de la mort, voilà ce qui était inscrit sur les deux pierres tombales en marbres qui s'élevait, somptueuse, arrogantes, comme l'étaient mes défunts parents. La logique voulait que je m'exprime haut et fort pour la famille, parce qu'au fond, il fallait protéger l'image des Attwood. A cette pensée, une bouffée de rage s'empara de moi, parcourant tous mes membres, du bout des orteils jusqu'à la pointe des cheveux. Je posai Anya par terre, lui ordonna d'un regard perçant de tenir la main de ses frères et m'approchai des cercueils, arrachant brusquement la rose rouge que tenait Stan. Avant que sa main puissante ne puisse m'arrêter, il était trop tard. Mes cheveux brun ténébreux voletait à cause du vent, montrant à tous mon visage couleur porcelaine, mes yeux bleus perçant et un sourire méprisant sur les lèvres. Ma voix s'éleva, forte et hautaine.

" Je suppose que c'est maintenant que je clame haut et fort que c'est une grande tragédie que mes pauvres parents soient morts, non? Ah, et bien sûr, vous remercier à tous de vous avoir bouger pour l'enterrement. ( un rire rempli d'amertume s'échappa de mes lèvres ) Bande d'hypocrites. Vous n'êtes pas mieux que les autres, vous méprisiez ma famille depuis toujours et demain, vous continuerez à nous mépriser. J'en veux pas de votre pitié, on en a pas besoin. Je vous dirais bien d'aller vous faire voir, mais j'ai pas envie de profaner la tombe de mes parents. Et vous osez dire que vous êtes amis avec ma famille? Honte à vous. Si ça ne tenait qu'à moi, je vous aurais déjà tous tués..."

Un bras, puissant, me broya le bras, m'obligeant à mettre fin à mon si beau discours. Je savais que j'allais payer cher tout cela, mais je ne m'étais plus sentie aussi bien depuis longtemps. Mes yeux, méprisant, parcourait les gens qui se tenait encore face aux tombes. La plupart semblaient troublés, certains protestaient à voix basse. J'entendis quelques mots, 'injuste', 'pauvre fille', 'grande perte', tandis que les plus lâches repartaient déjà en un tour sur eux-même, ne laissant qu'une nuage de neige derrière eux. Mes pas s'arrêtèrent, en même temps que je fus projetée violemment contre le tronc d'un arbre. Stan, rouge de colère, ne pouvait s'empêcher de me lancer des regards meurtriers, serrant les poings à tel point que ses phalanges en étaient devenues livides. Un instant, je pensai aux petits, puis mon attention se reporta aussitôt sur mon frère. Impatiente, je souriais toujours, provocatrice Il leva la main, prêt à me giffler au moindre mot de ma part. Mon sourire s'effaca l'espace d'un moment. Stan ne m'avait jamais frappée, personne dans la famille ne l'avait fait. Ce n'était pas maintenant que ça commencerait. Je me redressai, oubliant la douleur qui irradiait mon bras et plantai mes yeux dans les siens, défiante. Ma voix s'était transformée en un murmure acide, transperçant. Je ne voulais que mes paroles ne soient entendues que par lui, un mumure profond mais sans pitié.
Pendant quelques instants qui me parurent infini, je défiais mon frère du regard et il me rendait la pareil. Nous n'étions que des gosses qui nous battions pour savoir qui aurait la chance de gagner cette manche et d'enfin faire valoir son droit de vote. Comme toujours, je compris qu'il ne tiendrait pas longtemps, aussi j'arborais une fois de plus mon sourire arrogant, sûre de moi. Dans d'autres conditions, personne n'aurait cru que nos parents venaient de mourir, deux jours avant. Une fois de plus, une pression se referma sur mon bras. Stan me tira vers lui et me parla à l'oreille, entre ses dents.Sur ces sages paroles, je retournais vers la foule de gens qui s'étaient rassemblées. D'un mouvement, je repris ma soeur dans mes bras et tendis ma main à mes frères qu'ils s'empressèrent d'attraper, tandis que l'autre s'accrochait à ma taille.

Parmis toutes ces larmes, un seul sourire persistait. Je n'avais pas arrêter de sourire. Comment le pouvais-je? Je venais de comprendre que mon règne commençait maintenant, sans mes parents, j'allais pouvoir m'affirmer encore plus. Je n'étais qu'une gamine de treize ans, pourtant je venais de comprendre que ma vie ne s'arrêtait pas parce que mes parents n'étaient plus. Je pouvais m'élever encore plus, utiliser leur noms pour faire valoir mes droits, utiliser la mauvaise réputation que j'avais déjà pour manipuler le monde qui m'entourait. A cet âge, j'avais peut-être déjà perdu presque toute humanité, mais je savais, au plus profond de moi, que jamais je ne détruirai ma propre famille. Mon sourire, grotesque, hautain et provocant, était fixé sur mes lèvres, comme un dernier défi destinés à mes parents. Et, tout autour de moi, les larmes ne faisait que couler. Seul mes yeux restaient secs, une pointe de rancune et beaucoup de rage persistaient cependant, me rendant indomptable.

J'ai beau remonter au plus loin dans mes souvenirs, je ne me rappelle pas d'une nuit paisible. Les ténèbres m'emportaient, violemment, une main invisible m'accrochait et me tirait vers un puit sans fond où je ne pouvais m'empêcher de tomber. La fin n'arrivait jamais, j'avais beau tenter tous les sorts possibles. C'était comme si la magie ne fonctionnait pas dans ces lieux, comme si tous mes pouvoirs m'étaient arrachés. Je n'étais qu'une simple humaine, en proie à une chute mortelle sans pouvoir savoir le moment où mon crâne toucherait le sol, se fracasserait dans un bruit sec et m'ôterais la vie. Je me voyais, les cheveux me balayant le visage, tombant de dos, les yeux rivés vers la lumière qui s'éloignait de plus en plus, mes bras brassant l'air ridiculement. Comme si j'aurais pu empêcher cette fatalité. Inlassablement, mon rêve s'arrêtait à la seconde où je sentais ma tête percuter le sol rugueux. Cette fois ne fit pas exception à la règle. Comme une routine, je me redressais brusquement de ma léthargie, haletante. Ce n'était que pendant ces moments que l'on pouvait vraiment voir la frayeur qui traversait mes yeux couleur azurs. Cela ne durait que quelques secondes, je reprenais toujours le contrôle de mes émotions, me passait une main sur la figure et me rendormait. En général, le rêve n'apparraissait qu'une seule fois par nuit, parfois deux. Les légères cernes qui trônait sous mes yeux était le résultat des nombreuses nuits à combattre le sommeil pour ne pas revivre encore et encore cette chute sans but. Mes yeux balayèrent la pièce, mon cerveau n'avait pas encore reconnu les alentours, bien que cela ne prit pas bien longtemps. Mon regard se posa enfin sur ma droite où dormait paisiblement un jeune homme. Je fronçai légèrement les sourcils. Mon principe était de ne jamais laisser quiconque dormir dans mon lit, en partie parce que j'avais tendance à prendre toute la place - et au fond, peu de personnes avaient eu le privilèges de dormir une nuit entière dans mes draps -. Car j'étais bien dans ma chambre, le bureau désorganisés me l'avait prouvé. Qu'avait-il de si particulier? Pourquoi n'arrivais-je pas à le réveiller et à le renvoyer chez lui? Pour répondre à cette question, il faut peut-être remonter dans le temps. Une moue boudeuse se forma sur mes lèvres tandis que je me recouchai sur le flanc, examinant la silhouette allongée à côté de moi. Une réfléxion intense s'imposait.

Comment en étais-je arrivée là? Qui aurait pu croire que moi, Mildried Attwood avait dans son lit, Sasha Sadovsky, Marquis du Duché de Noral? Le titre m'importait peu, son argent encore moins. Moi aussi, je fais partie de la noblesse, simplement qu'au contraire des autres Russes, le Roi n'avait jamais accordé le moindre titre à ma famille. Qu'importait, l'argent me suffisait amplement. Ce qui comptait, c'était lui, bien que l'idée me révulsait. Je n'avais jamais été comme ça, personne n'avait réussi à abattre mes défenses à ce point, faisant surgir en moi des sentiments insoupconnés. L'idée de changer de comportement, de devenir comme ces pimbêches mielleuse et follement amoureuse me donnait envie de vomir. Ce n'était pas, et ça n'avait jamais fait partit de mes plans. Il n'y a pas si longtemps, j'étais encore entrain de le draguer, m'étant mise au défi de réussir à l'avoir. Tout ça n'était qu'un jeux, et ce loisir était d'autant plus amusant car Sasha ne répondait à mes avances qu'une fois sur deux. J'ai toujours adoré les jeux de manipulation, je me considère comme une experte en la matière. La plupart des gens finissent par se plier à mes quatres volontés, sous peine de déclencher la colère du siècle. Du chantage, si vous préférez. Pourtant, avec ce Russe aux yeux bleus, le jeux avait rapidement pris une autre tournure. Je m'étais surprise à aimer de plus en plus ces échanges, à attendre impatiemment la prochaine rencontre. Moi qui ne montrait jamais mes émotions en publique, qui passait toujours pour l'insensible de service, je m'étonnais à ressentir d'étranges émotions en sa présence. Bien vite, nous nous rapprochâmes, cedant pour finir aux tentations charnelles. Lorsqu'un acte est prohibé par la loi, contourner cette loi rend l'action encore plus intense, encore plus passionnée. Je me rappelle encore de notre première nuit, j'avais longuement hésitée à franchir le pas, me doutant que dès lors nos conversations, nos rencontres improvisées cesseraient. De mon côté du moins, je m'étais persuadée qu'après, il n'y aurait plus aucun interêt à le revoir. Après tout, ce n'était qu'un jeux. Je me trompais, je le revis, souvent à l'ombre des regards, dans sa chambre ou la mienne. En publique, nos échanges se limitait au strict minimum, ce qui me convenait parfaitement, je n'avais jamais aimé les démonstrations publiques. La vie privée est faite pour le rester.

Ce qui devait arriver, arriva. Les sentiments ne se commandent pas. On peut cacher son attirance pour quelqu'un, feindre justement l'adoration alors que le dégout prime, mais on ne contrôle pas les sentiments. Ceux qui disent ne jamais être tomber amoureux sont des menteurs. Tout le monde a aimé, au moins une fois dans sa vie. Jusqu'à alors, je m'étais toujours vantée de ne m'être attachée à personne, de toujours avoir atteind une limite infranchissable, plus pour conserver mon image d'insensible qu'autre chose. Plutôt mourir que de tomber amoureuse, tel était mon crédo. Et pourtant, j'avais été stupide. J'aurais dû savoir que ce n'était pas bon de voir aussi souvent le même homme, que des liens se créent indéniablement, sans que l'on puisse y faire quelque chose. J'avais fini par me perdre dans l'océan de ses yeux, me surprenant à le fixer de plus en plus souvent, d'éffleurer ses doigts, de lui saisir la main furtivement. Ce ne fut qu'après, que les sentiments s'insinuèrent en moi. Lentement, comme un poison qui vous attaque par surprise. Je ne sais pas d'où ce virus provenait, me retournant le ventre dès que j'avais le malheur de le croiser, qu'il m'éffleurait discrètement le ventre, comme si de rien n'était. Moi, la fille de glace, je me voyais fondre pour un Marquis. Russe qui plus est. La surprise s'emparait de moi à chaque fois que l'on se retrouvais tout les deux tout seul. Mon souffle devenait plus pressant et mon coeur semblait vouloir me sortir par la bouche.


Voilà. J'avais atteind le point de non retour. Mes doigts parcourèrent délicatement le bras de Sasha, effleurant ses tatouages. Il avait l'air en paix, plongé dans les bras de Morphée. Je l'enviais tellement que je me retournais brutalement de l'autre côté, fixant le mur. J'étais devenue comme ces filles que je haïssais, folle d'un homme. Il ne m'était jamais arrivé quelque chose de pareil. Des nouvelles sensations s'emparaient de mon coeur à tout moment, me coupant littéralement le souffle. J'étais devenue une guimauve, cédant à son regard de biche, à ces lèvres rosées et ce rictus amusé qu'il affichait si souvent. Je lui en voulais d'être si beau, d'avoir percé mes barrières. Je le haïssais de m'avoir rendue faible, ce qui me faisait me haïr en même temps. Soudain, coupant court à mes réflexions, le bras puissant de celui qui me faisait déjà souffrir, se referma sur ma taille et je fus attirée vers lui. Son corps chaud contre le mien me coupa, une fois de plus, le souffle. Je n'avais jamais été aussi proche de quelqu'un. Son visage s'enfonça dans mon cou et je pu sentir sa respiration lente d'endormir, sur ma nuque. Quelques instants plus tard, alors que je luttais pour ne pas m'endormir, mes yeux se fermèrent. Enlacés de la sorte, je ne pus m'apercevoir que, pour la première fois depuis longtemps, un sourire paisible venait d'éclore sur mes lèvres. J'étais heureuse.