༺Chapitre de la Discorde༻«
Au cœur des lignes »
« Lundi. 13h09
Sachez que je ne ferais jamais part de la date ou de l’année exacte de l’écriture de ces textes. Ces pages que je noircis seront sans aucun doute lues. Mais jamais classées dans le temps. Et l’idée de ce mystère qui plane autour du temps m’excite. Après tout, je peux bien m’amuser avec mes lecteurs, n’est-ce pas ?
Ma plume se fera sans doute fluide au fil du temps, pour le moment, mon intérêt primaire est de découvrir les joies de l’écrit. Pouvoir coucher sur du papier jauni ma vie, mon histoire et tout ce que vous voulez savoir. Il paraît que j’intéresse peu de monde. Vous avez raison. Je suis souvent en retrait. L’attention que ma famille porte à l’égard de mon ainé me permet de tout observer sans la moindre gène. Après tout, je ne suis pas au centre. Ce n’est pas moi qui suis le fier chandelier de la famille. Je ne suis rien qu’un ridicule remplaçant s’il venait malheur à mon frère. Et encore, je doute pouvoir en être capable. Pouvoir me jouer des apparences, me montrer courtois à l’égard de ces visages froids et remplis de mépris. Cela pourrait être un plaisir si je n’étais pas si révolté. »
« Mercredi. 15h
La génitrice m’a encore regardé de haut, son air froid toujours présent. Je me demande ce qu’il lui arrive. D’habitude, elle ne me regarde jamais, et c’est très bien comme ça. Au mieux, elle me jette quelques mots de courtoisies, pour paraître bienveillante.
Tous les parents des enfants du monde se comportent-ils de cette manière à l’égard de leurs enfants ? Je me pose cette question sérieusement. J’ai vu quelques uns parler d’une façon étrange à leurs parents, les tutoyant à souhait, d’un naturel surprenant ! Qu’est-ce là ? J’ai toujours été habitué à baisser le regard devant Père et Mère, toujours me pliant à leurs moindres exigences.
Lorsqu’ils posent leurs regards durs sur moi, j’ai l’impression d’y lire toute la haine du monde. Comme si j’étais soudainement devenu l’erreur de la nature, la créature la plus immonde qui soit sur terre. Mais curieusement, cela ne m’a jamais affecté plus que ça. Enfin, dans un premier temps, je me suis senti mal... Mais ensuite, cela est devenu tellement naturel que c’en est aujourd’hui une banalité.
Je sais que malgré leur froideur et leur réserve, ils nous aiment quand même. Enfin, je crois. »
« Jeudi. 21h45
(…) Donc ainsi, elle ma expliqué que mon père porte à ce jour le titre de Marquis. Et que mon frère allait recevoir ce titre dés la disparition de Père. C’est curieux comme ça me paraît étrange.
Je me souviens, lorsque j’étais petit, mon frère donnait beaucoup de fil à retorde à mes parents, refusant catégoriquement de se plier à leurs ordres, préférant la liberté à la docilité. Il m’expliquait souvent que rien ne valait d’être un homme libre, totalement en possession de ses propres moyens, pouvant devenir ce qu’on veut sans aucun jugement de valeur. Je buvais ses paroles, je m’appropriais ses dires. Mon esprit fermentait, il recrachait des idées toutes faites. Je commençais ainsi peu à peu à haïr le monde dans lequel nous évoluions. Je portai ainsi un regard de plus en plus critique envers ma famille, envers leur rang. J’étais finalement content de ne pas endosser le rôle qu’était celui de Sasha. Pauvre ainé. Lui qui se revendiquait comme libre et sans attache. Le voila englué dans ce rôle qui ne semble pas fait pour lui. »
« 14h30.
Les temps ont changés. Si vite. Cela me surprend. Mon rage grandit tandis que celle de mon frère se tait, se terni. Il semble avoir tant changé. Je ne comprends plus rien, je me sens légèrement perdu. (…) »
« 5h40
Je n’arrive pas à dormir. Trop de pensées tiraillent mon petit esprit.
Vous croyez vraiment que la Monarchie est une chose agréable ? Etre gouverné par un seul homme qui veut détenir tous les pouvoirs en sa seule personne ? Cela me répugne. Cette manipulation, cette censure, cette hypocrisie. Et surtout, savoir ma liberté bafouée, voila une chose que je ne peux accepter ! Je me sens comme souiller, ma rage me crie de tout faire pour que cela cesse. Mais il serait plus judicieux de se contrôler n’est-ce pas ? Comment peut-on laisser une famille contrôler tout ça ? Comment peut-on se laisser faire d’une telle façon ? Comment peut-on obéir ? Révolté, oui. Je le suis. Mais que puis-je faire ? »
« 23 juillet.
C’est un jour à marqué au fer rouge ! Je suis fasciné par ce que je viens de découvrir. Toute personne proche de moi n’est pas sans connaître ma fascination pour les bêtes dont regorge la nature. Je possède une collection importante d’insectes et d’animaux, que j’entrepose dans une cave chez mes parents.
Il paraît que j’aime me mettre en danger. C’est vrai. Je suis un chercheur de merde, un fouteur de troubles. Mais pour le plaisir. Bref. Pour en revenir à mes amis les bêtes. Bizarre que je ne vous en ai pas encore parlé ? Je m’y intéresse depuis des années et des années maintenant. Ça a commencé par un papillon découvert dans le jardin. Après lui avoir arraché les ailes et tenté de deviner son expression à la loupe, j’ai commençais à lire des livres. Pleins de livres traitant d’insectes extra-ordinaires. C’est fascinant, je vous assure.
Ensuite, cela m’a fait découvrir les races peuplant le monde magique ! C’est enivrant, je vous assure. Je souhaiterais néanmoins pouvoir assister un jour à une transformation de loup-garou ! Voir ce corps grandir, le corps se couvrant à une vitesse folle de poils et de graisses. Je m’imagine, je retourne toutes ces images créées de toutes pièces par mon esprit. Je me surprends donc à rêver de choses qui ne devraient pas me concerner, ni même m’intéresser. Combien de personnes se sont-elles moquées de moi pour mon intérêt à l’égard des espèces diverses de ce monde ? Mais vous savez quoi ? Cela m’importe peu, ce que les autres pensent. Chacun se passionne pour ce qu’il a envie. Et mon envie est de découvrir les races sorcières. Les feys, les vampires, les angels et autres espèces intéressantes et bizarres à la fois. (...) »