L’aube n’avait pas encore pris l’ascendant sur les courbes rebondies de la nuit voluptueuse. La lune haut perchée, éclairait la ville telle une phare marin, tentant en vain de sauver les naufragés d’une noyade inexorable, frôlant les murs, suivant les courbes de l’obscurité comme un danseur adroit je me fondais dans cette noirceur unique qui m’étais familière. Généreuse elle n’hésitait pas à cacher une monstruosité comme la mienne, je m’étais lié d’une forte amitié avec cette obscurité nocturne dans laquelle je pouvais sortir librement sans que les regards se braquaient sur moi, seul moment de la journée où je pouvais véritablement embrasser ma véritable nature d’éventreur. Cela faisait 20 ans et pourtant je sentais encore la poignante brûlure qui s’emparait de mon corps, serrant entre ses doigts invisibles ma gorge asséchée, canines sorties, mon humanité se faisait balayer par la soif dévorante. Du sang, encore et toujours. C’était l’unique chose à laquelle je pensais, j’avais beau lutter et fermer les yeux pourtant derrière mes paupières closes c’était un cou dégarni une veine pleine que je voyais se matérialiser. Les repas réguliers ne suffisaient pas à tamiser cette inexorable soif que j’avais hérité de papa. Ainsi naturellement je me suis mis en chasse pour dérober quelques vies à la nuit.
« Allez ... allez ... cours petit.. dépêche-toi .. tu vas la rater. Elle est si belle, elle est si bonne ... vite vite. » murmurait la voix de la soif qui se dégageait un chemin jusqu’à mon oreille pour y murmurer de sordides paroles, m’encourageant à dérober ce précieux fief des humains, le diable était sorti de sa cage et ce soir plus que jamais il m’apparaissait en vil tentateur. Je voulais lutter, de toutes mes forces je refusais de la traquer, d’en faire mon calice éphémère .. je refusais de retomber dans ce cercle vicieux dont personne ne savait comment m’y tirer, cependant j’avais déjà refusé de me nourrir il y a des années de cela, la soif a tellement grandi, que lorsque mes dernières résistances ont cédé, je ne dérobai pas une vie, sinon une dizaine en une nuit, ivre j’étais devenu, abusant de la substance, de cette nuit je n’en garde que de rares souvenirs: le dégoût pour moi-même, les voix qui s’étaient matérialisées dans une folie bien réelle et le bain de sang, du rouge sur tous les murs, sur mes vêtements .. retombé dans l’animalerie la plus sauvage, j’avais perdu la raison ...

Mes yeux s’ouvrirent sous l’intense luminosité de la pièce, plongé dans le marasme onirique, mes réflexes restaient lents et curieux, portant une main à hauteur de mes prunelles je tentais vainement de les protéger contre cette atrocité matinale. La tête lourde, le corps encore baigné dans la flegme, pendant l’espace d’une seconde une perfide interrogation s’était glissée dans le flou de mon esprit « où étais-je ?» semblait-elle me murmurer, mais il avait suffit que je regarde sur les côtés pour retrouver les dorures si particulières du château du Roi. Retombant sur les oreillers, je me battais contre l’arrière goût de l’ivresse qui avait laissé mes lèvres pâteuses et rendu ma tête si lourde .. j’expérimentais pour la première fois de mon existence les effets nocifs de la gueule de bois. Ce ne fut que lorsqu’elle gémit que je portais mon attention à la douce créature étendue sur les draps couleur du liquide carmin duquel je me nourrissais exclusivement. Ses longs cheveux retombés sur son dos nu, laissaient transparaître la désirable horreur que je lui avais infligée, sa silhouette élancée se perdait sous les draps qu’elle avait relevé sur ses courbes naturelles .. et une telle vue d’une femme dans mon lit avait suffit pour l’appeler .. Ma soif, ma terrible et douloureuse soif qui me faisait perdre dans une tornade de noirs sentiments, de violence et d’euphorie. Glissant sur elle, je ne pris la peine de la réveiller, portant ma bouche à son cou je la marquais une nouvelle fois mais cette fois-ci je ne m’arrêtai que l’absence de sang nargua mes crocs aiguisés, le liquide s’était fait maigre et avait finit par s’estomper laissant ma gorge encore sèche crier de mécontentement. Je lui jetai un dernier regard avant de pousser le cadavre du lit, l’intérêt s’était éteint avec sa vie .. et aucun regret ne s’emparait de mon coeur pour me faire tomber dans cette affreuse culpabilité humaine. Un valet entra dans la chambre pour s’assurer de mon bien être, il jeta un regard au cadavre avant de pâlir, mais avant qu’il ait pu ouvrir la bouche, je croquais sa veine à la recherche de mon liquide. Les doigts passés contre son cou pour retenir son frêle visage, je me perdais dans le plaisir que je lui infligeais .. grandissant, puissant, je me sentais vivre à nouveau .. jusqu’à ce qu’un claquement de langue sec réprobateur me fasse délaisser de ma proie .. lui évitant un sort semblable à l’inconnue.
« Il faut que tu apprennes à te contrôler. » dit l’homme qui venait d’entrer dans mes appartements. Il était grand, le visage âgé mais revêtait un corps qui semblait être jeune et en bonne santé. Matthieu était un médecin d’âge avancé, il avait pour ordre royal de me suivre et s’assurer que je me portais bien. Précepteur devenu plus qu’un adulte responsable il veillait sur ma personne comme un père .. ou un oncle proche.
« Plaît-il ? » répondis-je cynique
« Arrête un peu Lyssandre, tu t’égares totalement, tu es jeune et cette sensation de puissance qui vient de l’âge fini par s’estomper crois-moi .. tu penses pouvoir faire tout ce qu’il te plaît mais tu ne peux pas. Personne ne le peux, même pas le roi. » répliqua l’homme en s’avançant dans la pièce, se rapprochant de mon repas et moi.
« Je n’ai pas à juger mon souverain Matthieu, surtout pas dans sa demeure, où la vieillesse aurait corrompu ton cerveau à t’en faire oublier la prudence ? » finis-je par répondre narquois, remettant le valet sur ses pieds je m’éloigna de lui pour faire face à mon interlocuteur. Les cheveux en bataille, les yeux encore secoués d’avoir étanché ma soif, le buste dévêtu, je le regardai avec un air de défi.
« De nous deux, oses-tu me dire que je suis le seul à avoir perdu la prudence et le contrôle ? que je deviens sénile et fou ? C’est possible mon ami .. mais moi je ne peux vaincre la nature qui reprends ses droits .. mais toi pourquoi fais-tu donc ça, ce n’est pas la vieillesse qui te pousse à te comporter comme un animal .. » ses dernières paroles sonnaient comme le glas d’un reproche sous-terrain, présent mais pourtant encore invisible à l’oeil nu.
« Allons nous encore en parler ? Je suis las de tes leçons de morales Matthieu .. laisse moi donc vivre ma vie comme je l’entends par Merlin ! » Je levai la main pour l’interrompre, je ne voulais plus rien entendre, lui tournant le dos de manière irrespectueuse j’agissais comme si ses mots ne pouvaient plus m’atteindre .. je ne voulais pas les entendre et sentir la culpabilité me ronger, alors je faisais l’unique chose qui me paraissait évidents: la fuite et le déni
« Tu as arraché la vie de 50 humaines. Tu as ravagé des familles, des campagnes entières sont plongées dans la peur de cet animal dont personne ne connaît l’existence, on parle d’un loup enragé, alors qu’il en est de vérité qu’un adolescent capricieux qui n’arrive pas à refuser à lui-même un léger régime ! » lança-t-il d’une voix forte
« 51.» répondis-je arrogant sans oser le regarder pour autant.
« Tu es fier de toi, regarde-toi tel un paon ravi de son effet. » m'accusa-t-il en pointant le doigt sur ma personne, je lui souris .. feignant l'amusement.
« Je suis un monstre Matthieu, que croyais-tu que je deviendrais ? Une coqueluche de la cour polie et dressée ? » dis-je en me tournant vers lui d’une manière lente, la voix chargée du reproche cette fois présent. Je le tenais responsable pour m’avoir crée, il n’était que le messager pourtant ne disait-on pas que c’était le porteur qui subissait le courroux des messages qu’il amenait ?
« Tu as oublié ton humanité.» cingla Matthieu énervé.
« Non faux, je l’ai effacée.» dis-je en soupirant
« Pourquoi cela ? »
« Parce que c’est ainsi .. mi-humain, mi-vampire mais personne ne peut vivre dans une dualité éternellement, il a fallut que je choisisse.»
« Alors tu seras damné.» clama-t-il comme une sentence.
« Qu’ainsi soit-il. Maintenant sors, je n’ai pas fini mon déjeuner. » J’étais las de nos disputes, des joutes verbales que nous pratiquions je ne voulais pas être sauvé cependant c’était mal connaître Matthieu.

Je l’ai connue grâce à lui .. à ce médecin qui espérait que je possédais une âme, à Matthieu qui avait l’habitude de me rappeler les principes de la Raison. Ami, ennemi, professeur et élève, nous évoluions dans une dynamique qui n’appartenait qu’à nous. Natalie .. une née-moldue d’une simplicité cinglante, d’une repartie superbe et d’une retenue sans nom. Matthieu savait que je ne serait résister à sa grande beauté, d’autant plus qu’elle n’était qu’une servante de laquelle me jouer, il avait installé le piège parfait pour m’attirer dans ses filets .. et cela avait fonctionné mieux que le vieil homme ne l’eut cru. Natalie, pour une raison inconnue réussissait au contrôle mental du don Angelin, ainsi je ne pouvais lui imposer ma volonté, rabaissé à la case de tous les autres hommes qui demandaient ses faveurs, j’ai dû la courtiser comme aucune servante n’eut droit à pareil traitement, cependant la jeune blonde m’imposait des refus fréquents, ne souhaitant ni richesses, ni dorures, le luxe la répugnait et moi adulte-enfant capricieux par mon temps, je me retrouvais perdu sans connaître les ficelles pour la faire mienne. Je la désirais tellement, son sang me paraissait un grand cru qui apparaissait dans mes rêves les plus fous cependant je ne pouvais jamais l’atteindre. Frustration, colère, et peu à peu je ressentais de nouveau, cette froide et impeccable toile qui avait maintenu si longtemps mes émotions n’était maintenant plus, je l’avais ôtée pour cette femme et sans m’en rendre compte je ressentais à nouveau comme une agréable surprise. Et lorsque je finis par tomber dans le désespoir d’un amour qui n’était pas partagé, Natalie finit par m’accorder ses faveurs, et un gentil sourire ... Nous avons vécu deux courtes années ensemble, mon régime de sang était limité au maximum, cependant j’aurai dû me douter que brider autant la soif apporterait de nombreux problèmes et comme toujours quand ma soif devient trop grande, je finis par perdre Raison et retomber dans la folie des voix qui me guident à de sombres atrocités et c’est ainsi qu’un jour torturé par les paroles de l’esprit, je me suis attaqué à la seule chose que je tenais le plus au monde .. Son sang chantait pour moi, il m’attirait imperceptiblement quotidiennement, mais ce jour là, il était comme une chanson de sirène et je n’étais qu’un marin égaré qui finit par enlacer cette douce chaleur, cherchant dans cette étreinte un repos pour se rassurer .. et étancher cette soif dévorante. Elle est morte dans mes bras, j’ai assisté au vol de sa vie, je le lui ai dérobé sans pouvoir m’arrêter. J’ai sali son visage cristallin de mes larmes de sang .. regrettant le geste qui était désormais en dehors de mon contrôle, car je n’étais que le faucheur des vivants par le sauveur des morts. Natalie ... il m’arrive encore de prononcer son prénom dans un doux murmure dans l’espoir de la voir apparaître dans le détour d’un couloir. En vain.

Pseudo. ou Prénom Δ Luso
Âge Δ Majeure et vaccinée (a)
Célébrité choisie Δ Ian Somerhalder.
Commentaires Δ Duh. "Pas de commentaires"
Code de validation Δ Hé mon grand tu pousses mémé dans les orties là hin. En plus ça pique è.é'
Crédits Images Δ Bannière: Eden Memories
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