Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment : -40%
Tefal Ingenio Emotion – Batterie de cuisine 10 ...
Voir le deal
59.99 €
-50%
Le deal à ne pas rater :
-50% Baskets Nike Air Huarache Runner
69.99 € 139.99 €
Voir le deal

Partagez|

les livres sont sacrés, prière de ne pas les abîmer.

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
MessageSujet: les livres sont sacrés, prière de ne pas les abîmer. les livres sont sacrés, prière de ne pas les abîmer.  EmptyVen 11 Nov - 20:32

La bibliothèque d’Avalonya était un endroit où j’aimais passer du temps. Sans doute le seul lieu où je me sentais enfin chez moi. Un territoire sur lequel je régnais en maître absolu depuis mon arrivée, quelques années auparavant. Pour un peu, on aurait pu croire que j’étais un fantôme qui avait fini par hanter les lieux, tant ma présence entre ces murs était quotidienne, inévitable. Et outre cette pièce où je venais travailler sitôt les cours achevés, boudant l’agitation perpétuelle de la salle commune de Valsevent, il y avait cette table, tout au fond, bien cachée derrière les rayons, où je me retirais volontiers afin de préserver ma concentration des allées et venues intempestives, bien qu’elle fut à toute épreuve. Cette table là, tout le monde savait à qui elle appartenait, c’était limite si j’y avais gravé mon nom. Et, fort heureusement, personne de mal avisé ne se risquait à l’occuper, craignant avec raison de subir mes foudres. Il fallait avouer que je jouais de mon tire de marquise de façon parfois abusive afin de déloger les pleutres, et aucun n’était assez fou pour oser me tenir tête -ils savaient bien d’où je viens, et mon nom en faisait frémir plus d’un. Bien évidemment, il y avait toujours ceux qui me regardaient de haut, et ce en raison des bruits qui courent sur mon compte: on me disait volontiers incestueuse et empoisonneuse, et que si on me respectait, c’était bien à cause de la réputation de ma famille qui me précédait de très près. Ils se trompaient, tous autant qu’ils étaient. Je n’irais pas jusqu’à sortir les violons pour déclamer ô combien je peux être victime de tant de mensonges et de calomnies, et que ce qui était allégué à mon égard était faux, mais parfois, je brûlais de rétablir la vérité, de démonter une à une ces fausses accusations. Qu’ils parlent de ma personne ne me dérangeait pas outre mesure, cela prouvait bien que d’une certaine manière ils s’intéressaient à moi, même pour critiquer. Alors, je laissais dire, rajoutant parfois de l’eau au moulin des médisances, alimentant leurs conversations les plus folles et leurs théories toutes aussi délirantes les unes que les autres, et le pire, c’est que cela m’amusait.

Mon nom et ma réputation me conféraient ainsi des prérogatives nullement négligeables, notamment en ce qui s’agissait de pouvoir travailler en paix. C’est-à-dire, sans être dérangée par un inopportun bien trop hardi qui se serait mis en tête de quémander quelques conseils. S’il y avait bien un principe auquel je ne me dérogeais jamais, c’était bien celui de ne pas aider les autres à faire leurs devoirs. Parce que d’une, c’était une perte de temps considérable que de vouloir inculquer quelque chose à des ignorants. Autant dire que si je devais expliquer la même chose à dix personnes différentes, je risquais fort de perdre patience. Et quand cela venait à arriver, cela ne se passait pas sans pertes et fracas. Cette méthode était certes cruelle, mais elle n’en demeurait pas moins efficace: rares étaient ceux qui en redemandaient, à moins qu’ils ne soient complètement masochistes en plus d’être stupides. Puis, il y avait une autre raison à tous ces refus, sans doute très égoïste: puisque je m’étais débrouillée toute seule jusqu’alors, sans avoir besoin de l’aide de qui que ce soit, pourquoi n’en serait-il pas de même pour eux, tous autant qu’ils étaient? Cela éviterait de créer une belle brochette d’assistés, qui ne savaient rien faire par eux-mêmes. Et cela me désolait particulièrement que l’école en était pleine. Des fois, je me demandais comment ils en étaient arrivés là, tant ils étaient bêtes, bêtes à manger du foin. Je me souvins alors que je passais mon temps à me plaindre à Paul que je trouvais les gens idiots, incapables de mener une conversation intelligente et sans une once de superficialité. Moi qui ne supportais pas les adultes présents lors des soirées mondaines que donnaient mes parents, je m’étais rendue compte que je ne supportais pas plus les étudiants de mon âge, tous autant qu’ils étaient. La plupart m’exaspéraient profondément, et leurs propos m’arrachaient des soupirs épais tant ils étaient inintéressants. Les personnes pouvant s’avérer dignes d’intérêt étaient rares dans cette école, et c’est tout naturellement qu’il m’est venue une autre conclusion, purement pragmatique: ce n’est pas parce qu’on était un sang-mirage qu’on était plus intéressant qu’un autre. Je pouvais bien admettre qu’il existait plusieurs exceptions, heureusement d’ailleurs, mais force est de constater que je n’en avais pas encore rencontrés qui soient dignes d’intérêt. Curieuse de nature, ne rechignant jamais à connaître de nouvelles choses, je ne demandais qu’à voir, que mon opinion soit renversée de A à Z, bref, à changer d’avis.

Désespérée du genre humain ou plus-tout-à-fait-humain, je m’étais donc réfugiée derrière les hauts rayons de la bibliothèque, trouvant bien plus passionnante la compagnie d’auteurs morts pour la plupart depuis longtemps. De toute manière, je ne m’intéressais que très peu aux auteurs contemporains. Non pas que les théories qu’ils exposaient n’étaient pas intéressantes, mais je préférais toutes celles qui avaient un certains poids historique, celles qui étaient à même de renseigner sur l’époque où elles ont été édifiées. La place que j’occupais alors n’était pas un hasard. Pour quiconque connaissant bien les lieux, ils sauraient que je me trouvais non loin des manuels traitant de l’histoire de la magie, qui étaient par ailleurs l’une de mes matières favorites. Et j’étais présentement occupée à rédiger une trentaine de centimètres de parchemin traitant des grands courants de pensées à vocation philosophique qui ont émergé pendant le siècle des Lumières. Parce qu’il fallait s’en douter, les Moldus n’étaient pas les seuls à avoir fomenté leur Révolution, le combat des philosophes des Lumières avait également profité aux sorciers. Pour certains d’entre eux, la lutte contre l’obscurantisme était synonyme de combat pour la liberté. Les sorciers aussi, y avaient cru. Plus jamais ils ne seraient persécutés sous le couvert de la religion. L’espoir avait brillé, irradié leurs êtres, pour s’évanouir quelques années plus tard, lorsqu’ils se sont aperçus que tout ce qui avait été fait était vain, que la Révolution n’avait rien changé, tout du moins, pas dans l’immédiat. Les sorciers vivaient toujours dans le secret, et à mesure des progrès scientifiques et techniques, les Moldus devenaient de plus en plus hermétiques au surnaturel. Finalement, ce n’était peut-être pas plus mal, cela nous aurait évité de devoir nous mélanger à des impurs. Côtoyer des Moldus m’aurait profondément ennuyée. Aussi, le protectionnisme des sorciers à l’égard de leur espèce s’en est retrouvé renforcé. Là où les Moldus ne faisaient que progresser, nous ne faisions que régresser, venant même jusqu’à pratiquer certains archaïsmes tels que les mariages arrangés. Ah, le mariage arrangé, venons-y-en justement. Non, en fait, ce n’était pas une bonne idée. Une très mauvaise idée, même. Parce que la simple pensée que mon père ait pu me donner à un homme, un russe qui plus est, et pis encore, sans mon consentement suffisait à m’agiter d’une rage sourde et indicible qui palpitait avec force dans chacune de mes veines et qui se répandait en mon être tel un poison insidieux et mortel. D’un geste sec, je reposai ma plume sur la table et rebouchai l’encrier, le tout avec une particulière minutie. Puis, décrétant que je ne disposais de pas assez d’informations, je m’étais décidée à aller chercher d’autres manuels, ce qui impliquait de perdre quarante-cinq minutes de mon temps. Si seulement je ne faisais que regarder titres et résumés, tout serait plus simple, mais voilà, je m’arrêtais aussi pour lire des passages entiers, parfois sans aucun rapport avec le sujet de mon devoir. Juste pour le plaisir, pour agrémenter ma culture personnelle de quelques connaissances supplémentaires. Alors, je m’étais levée, m’aventurant dans les rayons, m’enfonçant toujours plus dans les abîmes de la bibliothèque, presque oublieuse du monde qui m’entourait. J’étais dans mon élément. J’étais bien, tout simplement. J’allais tout naturellement attraper un livre, venant augmenter la pile déjà bien imposante de manuels que je portais, mais, je ne sus comment, un ouvrage m’échappa des mains, et il entama ainsi sa courte chute vers le sol, sans que je n’aie d’autre alternative à part le laisser tomber, ayant les mains déjà occupées.
Joséphine S. de Beaulieu
Hell ! It's Joséphine S. de Beaulieu

❝ Copyright © : streamy
❝ Célébrité : Natalia Vodianova
❝ Missives envoyées : 21



⚡ chocogrenouille
Pureté du Sang: Sang-pur
Année Scolaire: Sixième
Race: Sorcière
les livres sont sacrés, prière de ne pas les abîmer.  Empty
Revenir en haut Aller en bas
MessageSujet: Re: les livres sont sacrés, prière de ne pas les abîmer. les livres sont sacrés, prière de ne pas les abîmer.  EmptySam 12 Nov - 13:37

    Je me mouvais dans les couloirs d’Avalonya, à peine sorti d’un cours de métamorphose. J’étais particulièrement friand de cette matière à la fois difficile, mais tellement fascinante. D’un pas assuré, je pris la direction de la bibliothèque afin de faire quelques recherches. Le trajet ne fut pas sans embûche. Les rapprochements stratégiques à mon égard, les effleurements impromptus. Le battement des cœurs, l’écoulement du sang dans leurs veines. Je n’entendais que cela. Je fermais les yeux un instant, afin de me concentrer, de passer à autre chose. Ce n’était que futilité. Je n’avais pas soif. Juste un obstacle tendu par le malin. J’étais plus fort que cela. A la prochaine intersection je bifurquais à gauche, prenant dès lors le couloir de la bibliothèque de l’école. Dans ce dernier la population s’était clairsemée, un peu comme une sélection naturelle, seuls les plus érudits, les plus avides de savoir se retrouvèrent ici. Je pénétrais à l’intérieur de la bibliothèque. Un silence de plomb régnait. Je balayais la pièce du regard en quête d’une table, déserte. Telle la fourmi, je n’étais pas prêteur. Je ne voulais surtout pas déraper, révéler ma véritable nature aux yeux de tous. Là-bas, dans un coin, près de la fenêtre, une table. Je m’y ruais… Pas assez vite visiblement. Une jeune demoiselle à la chevelure paille, aux yeux couleur ambre. Je la vis s’asseoir, tout en me regardant. D’une voix mielleuse elle me signifia : « Dommage pour toi… Il y a d’autres tables par là Apollon. » Elle me congédia, mais ne se priva pas pour passer une main baladeuse sur ma joue. J’humais son odeur enivrante. Me saisissant de sa main, je la maintenais à l’écart de ma personne. Respirant profondément, je la lâchais et, sans dire mot, je partais en quête d’un autre pupitre pour poser tout mon barda. Quelle délivrance lorsque je pus enfin m’asseoir.

    Sortant plumes, parchemins et autres flacons d’encre, je m’attelais à la tâche. Alors que ma plume traçait avec beaucoup de facilité des lettres sur le parchemin, mon regard ne put qu’être attiré par cette fille qui m’avait chipé la place et me regarder avec beaucoup d’insistance. Qu’avais-je dont fait pour qu’elle ne puisse défaire son regard du mien. Je baissais les yeux sur le parchemin, sur les lignes manuscrites, sur mon objectif. Pourtant, je ne pouvais me défaire de ce regard inquisiteur. Je levais une nouvelle fois les yeux vers elle. Je finis par lui faire un timide sourire avant de me lever prestement de ma table, manquant par ailleurs de renverser la fiole que je rattrapais d’un geste. M’enfonçant dans les méandres de la bibliothèque j’étais à la recherche d’un ouvrage sur la métamorphose pour étayer la critique demandée pour le prochain cours. Mes doigts frôlèrent plusieurs ouvrages reliés en cuir sur lesquels étaient écrit en lettres d’or, le titre et l’auteur. Je ne voyais rien qui puisse m’intéresser et répondre à mes attentes. Je voguais dans cette marée d’ouvrages, jusqu’à en trouver mon bonheur. Je délogeais l’ouvrage et l’ouvrit afin de survoler la table des matières. Il était la clef de mon devoir. Tout en retournant à ma table, je commençais déjà à lire l’introduction avec beaucoup d’attention. Il semblait passionnant. Je regardais de temps en temps où je mettais les pieds afin de ne pas percuter par inadvertance quelqu’un.

    A présent je voyais ma table, un peu plus loin. Je me dirigeais vers elle. Quelques mètres devant moi, une silhouette gracile semblait submerger par un nombre important de livres. Intérieurement je me disais que c’était le genre de fille qui ne rechignait pas à la tâche. Cependant sa gourmandise livresque lui fit défaut et un élément de la pile vint à chuter. Je ne pouvais me résoudre à rien faire. Les livres c’est sacré, il fallait les protéger. Me penchant j’attrapai au vol le fugueur et le tendit à la demoiselle. « La canaille, il voulait se faire la malle ! Tenez votre… » Je relevai la tête et regardai à présent la fille droit dans les yeux. Je finis néanmoins ma phrase « … livre ! » Je manquais de le lâcher à mon tour, mais finalement je le retins dans la paume de ma main. J’analysais la demoiselle sous toutes les coutures. Ce ne pouvait être elle. Elle était morte, morte et enterrée. Je restais figé sur place encore quelques secondes avant de réaliser que ma posture était un peu anormale. Sans rien dire de plus, je continuais mon chemin vers ma table de travail. La voir m’avait un tantinet bouleversé. Je savais que cela ne pouvait être vrai. Ca ne pouvait pas être elle. Impossible. Je me mordis les lèvres, perdu dans le brouillard de mes pensées. Je ne savais plus quoi faire, ni quoi penser. Je respirais profondément pour rester maître de mes actions. Ce ne pouvait qu’être une hallucination. Je m’assis à ma table et je tentais de faire le vide dans ma tête. Pourquoi était-elle revenue me hanter ?

Gabriel de Mortefontaine
Hell ! It's Gabriel de Mortefontaine

❝ Copyright © : Odairs
❝ Célébrité : Gaspard Ulliel
❝ Missives envoyées : 17



⚡ chocogrenouille
Pureté du Sang: Sang-mirage
Année Scolaire: Sixième année
Race: Angelin
les livres sont sacrés, prière de ne pas les abîmer.  Empty
Revenir en haut Aller en bas
MessageSujet: Re: les livres sont sacrés, prière de ne pas les abîmer. les livres sont sacrés, prière de ne pas les abîmer.  EmptySam 12 Nov - 23:15

La bibliothèque était toujours calme, le gardien des lieux veillait au grain. Mais la zone où j’étais installée l’était bien plus que le reste. Elle était enveloppée d’un voile opaque et oppressant, un tantinet angoissant, où il ne faisait pas bon de s’aventurer. Pourtant, l’endroit était tout autant éclairé que le reste de la pièce. Probablement était-ce parce que les autres avaient la fainéantise de faire quelques pas supplémentaires, préférant s’entasser sur les places déjà occupées, au risque d’être serrés comme des sardines. J’en entendais parfois qui osaient dire que la bibliothèque était toujours bondée, en particulier après les cours. Ces réflexions avaient le don de m’arracher un soupir exaspéré. Ils pouvaient tout à fait trouver une place libre si seulement ils s’en donnaient la peine. J’ai toujours été satisfaite de ma table réservée, située à un emplacement parfait, tout à fait à mon goût. Oui mais voilà, aujourd’hui, j’aurais préféré être plus proches des autres. Au cas où. Parce que ma paranoïa refaisait des siennes. De même que mon imagination un poil morbide. Personne ne pouvait voir ce qui se passait entre ces rayons reculés. S’il n’y avait pas cette obligation de se tenir à une distance respectable que l’on devait tous respecter à la lettre, je ne serais même pas surprise que certains ne se gêneraient pas pour forniquer -une honte, surtout dans un endroit où le savoir régnait en maître. Une telle pensée m’arracha un frisson d’horreur. Ces lieux étaient tout spécialement dédiés aux personnes civilisées, pas à une bande d’animaux désireux de laisser libre cours à leurs pulsions. Fort heureusement, j’étais seule, et je pouvais m’adonner à ma lecture -une activité tout à fait saine, cela va s’en dire. Ce qui signifiait qu’en toute logique, j’aurais dû entendre quiconque arriver. Au même titre que je pouvais entendre parfaitement les pages se tourner, tant les lieux étaient englués dans ce silence pesant.

C’était en principe ce qu’exigeait la logique. Mais était-il utile de préciser qu’à Avalonya, ce qui s’y déroulait n’obéissait pas forcément aux règles établies par le commun des mortels? Cela n’était guère étonnant, après tout, une forte densité de sorciers y était concentrée. Les phénomènes magiques étaient donc légion. Pour autant, personne ne savait marcher sur l’eau, ou encore se faire aussi légers que le vent. Aussi, on entendait forcément des bruits de pas lorsque quelqu’un d’autre arrivait. Encore plus lorsque l’on était absorbés dans sa lecture. Dès lors, on ne faisait pas forcément attention à ce qui se passait dehors. J’avais simplement sursauté en sentant une présence à mes côtés, une présence, qui, je l’aurais juré, ne s’y trouvait pas quelques minutes auparavant. Mon cœur s’était mis à galoper dans ma poitrine, sous l’effet de cette émotion que venait d’engendrer l’effet de surprise. Puis, je repris mon souffle, me morigénant pour ma stupidité. Je venais de me laisser impressionner par un autre étudiant. Un étudiant simplement venu ramasser le livre que je venais de laisser tomber. « La canaille, il voulait se faire la malle ! Tenez votre… » Il s’était interrompu, pour me fixer droit dans les yeux. Je n’avais pas bougé d’un iota, conservant mon masque d’indifférence et de froideur. La politesse aurait été de répondre par un merci, voire même par une révérence -il se pouvait que j’avais affaire à des personnes plus haut placées que moi - mais je ne m’encombrai pas de ces formalités, jugeant la façon dont il me regardait dérangeante. « … livre ! » j’avisai d’un regard le manuel qu’il tenait dans ses mains, hésitant à le lui reprendre. J’avais après tout les bras encombrés, n’était-ce pas pourquoi j’avais fait tomber le malheureux ouvrage, par ailleurs? Puis, je fronçai les sourcils en voyant qu’il me fixait toujours de son regard. Je me laissai volontiers happer par le tourbillon bleu, plongeant dans des abysses dont je n’étais pas sûre de pouvoir sortir. C’est qu’il avait un regard pénétrant, mon camarade, une de ces œillades qui me feraient presque frissonner. De peur ou d’envie, je ne saurais dire, et probablement était-ce la raison principale pour laquelle je jugeais ce regard dérangeant. Je finis par détourner le regard, et je me surpris à fixer ostensiblement le titre du livre qu’il venait de me rendre. Peu importait ce que je pouvais contempler alors, pourvu que je ne sois pas victime de son hypnose à nouveau. Mon palpitant cognait plus fort, sortant de sa longue hibernation. Je secouai légèrement la tête pour reprendre mes esprits. Mais le temps d’avoir détourné la tête, et il n’était plus là. J’arquai un sourcil perplexe, réalisant alors qu’il m’avait fuie, pour une raison qui me demeurait inconnue. Néanmoins, je n’en fis pas une affaire d’état, et je me replongeai dans ma lecture, toujours dissimulée entre les rayons, la pile de livres cette fois à mes pieds, il serait dangereux de me remettre à imiter la tour de Pise. Mais ce fut peine perdue, j’étais toujours aussi fébrile, et sa fuite en avant avait quelque peu froissé mon ego, mais surtout, sa façon d’agir des plus étranges n’avait fait que d’attiser ma curiosité.

Je pris alors mes livres, m’étant mis en tête de retrouver cet étudiant pour lui demander des explications. Égo surdimensionné mis à part, il était toujours utile de savoir ce que l’on pouvait bien penser de soi à la Cour, aussi j’étais bien curieuse de savoir ce que Monsieur avait contre moi alors que l’on ne se connaissait même pas. Je voulais bien croire que mon nom suscitait fort peu la sympathie, mais tout de même, on ne jugeait pas sans connaître. Je n’eus pas à faire beaucoup de chemins pour le retrouver, il était installé non loin de la table où j’avais élu domicile. Ce qui me surprenait d’autant plus parce que personne ne venait jamais par ici, à part moi-même, bien entendu. Aussi, j’en déduisis que mon voisin était un solitaire, également peu enclin à la conversation. Nous aurions pu nous entendre si seulement il ne s’était pas mis à me dévisager de la sorte. D’un pas résolu, je m’étais dirigée vers l’inconnu, tout en ayant l’intention d’en découdre. C’est à mi-chemin que je me rendis compte que mon idée était totalement stupide, mais il était bien trop tard pour faire volte-face et partir dans une direction tout à fait opposée. Je me plantai finalement devant lui, drapée de mon orgueil et de ma dignité de femme bafouée -d’ordinaire, on me courtisait , on ne me fuyait pas comme si je portais la peste. Mais, ma voix parut tout à coup moins assurée lorsque j’ouvris la bouche, non pas pour le remercier, mais pour le houspiller. « Vous êtes sûr que tout va bien? On dirait que vous avez vu un fantôme. » à dire vrai, je ne comprenais pas vraiment pourquoi il m’avait regardée ainsi. Outre son regard pénétrant, j’avais vu quelque chose d’autre dans ses prunelles glacées. Quelque chose comme de la peur. Un tel comportement m’avait arraché un haussement de sourcils perplexe. Ma réputation n’était certes plus à refaire, je faisais trembler plus d’une personne à la cour, mais à ce point là, c’était tout de même curieux. Finalement, je risquai nouveau regard vers mon camarade. Ce fut une erreur. Une grossière erreur. Parce que je me retrouvai aussitôt captivée par ses orbes glacées, le bleu de ses prunelles venant de rencontrer l’argenté des miennes. Un frisson insidieux me parcourut l’échine, exactement comme tout à l’heure. Lorsque je détournai à nouveau le regard, je fus troublée comme jamais. Aucun regard n’avait réussi à me transpercer de la sorte auparavant, personne n’avait jamais réussi à user de ses charmes sur ma personne. Jamais je ne m’étais laissée impressionner par qui que ce soit, et pourtant, c’était exactement ce qui était en train de se produire. C’est à croire qu’il y avait une première fois à tout. Je me mordillai la lèvre inférieure, témoignant ainsi de mon embarras grandissant. Et cette fébrilité qui me revenait, telle un boomerang. « Je…Pardon. » Et en plus, je m’excusais. Où allait le monde? Pourquoi je m’écrasais devant lui, alors que je tenais toujours tête aux autres, dans toutes circonstances? Ce n’était pas lui qui commençait à dérailler, mais bel et bien moi-même. « J’avais tort d’essayer de vous retrouver. De toute évidence, je vous dérange, et non pas l’inverse. C’est juste que…vous m’avez agacée, voilà, vous m’avez agacée à me regarder de la sorte. Ce n’est pas une façon de regarder une dame de mon rang, voilà pourquoi je me suis sentie vexée. Mais au fond, ça n’a pas d’importance, vraiment pas d’importance. Aussi je vais m’en retourner à mon devoir, et vous laisser tout le loisir de vous pencher sur le vôtre. » Un sourire contrit vint alors me tordre les lèvres, comme pour appuyer mon embarras. « C’était une erreur. Une grossière erreur. » Puis, ce fut à mon tour d’amorcer un mouvement pour partir, dans un bruissement d’étoffe. Puis, je me retournai, juste pour le remercier. « Au fait, merci pour le livre. » Dans les faits, je n’allais pas retourner à ma table. Ça non, il n’en était pas question. Parce que je n’allais pas pouvoir supporter son regard curieux, ou la sensation désagréable que l’on avait sur la nuque dès lors que quelqu’un nous observait avec un peu trop d’insistance. Non, j’allais partir de la bibliothèque et m’exiler quelque part où on ne pourra pas me retrouver. Surtout pas lui. Oui, disparaître et se faire oublier, c’était un bon plan.
Joséphine S. de Beaulieu
Hell ! It's Joséphine S. de Beaulieu

❝ Copyright © : streamy
❝ Célébrité : Natalia Vodianova
❝ Missives envoyées : 21



⚡ chocogrenouille
Pureté du Sang: Sang-pur
Année Scolaire: Sixième
Race: Sorcière
les livres sont sacrés, prière de ne pas les abîmer.  Empty
Revenir en haut Aller en bas
MessageSujet: Re: les livres sont sacrés, prière de ne pas les abîmer. les livres sont sacrés, prière de ne pas les abîmer.  EmptyMar 15 Nov - 16:52

    Je tentais de me concentrer, mais c’était peine perdue. Je n’avais plus qu’un seul visage en tête, le sien. Pourquoi était-elle revenue me hanter ? Pourquoi maintenant. J’ouvris mon livre et tentai de continuer ma lecture là où je l’avais laissé avant ce malencontreux sauvetage livresque. Si j’avais su, j’aurais préféré laisser la pile de livres s’affaisser sur elle, je n’aurais pas pris la peine de lui venir en aide. Mon humanité que je chérissais tant avait pointé le bout de son nez. Pour une fois je le regrettais amèrement. Je parcourais les pages du livres, sans pour autant les lire, j’effectuais cela plutôt comme une machine. Mon état psychique ne me le permettait pas. Mes pensées étaient assaillies par le seul visage de la fleur que j’avais fauché. Fermant d’un coup sec le bouquin, sans aucun ménagement, je pris ma tête entre mes mains et je fermais les yeux. Je fis des mouvements de balancier afin de faire disparaître ses visions d’horreur, ce fin filet de sang qui s’écoule sur la peau blafarde, ce cœur qui cesse de battre. Emporté dans mes souvenirs morbides, je ne vis même pas que la cause de tous mes soucis s’était matérialisé devant moi et ne bouger pas d’un iota. Elle m’interpella. Sa voix me paressait stridente : « Vous êtes sûr que tout va bien? On dirait que vous avez vu un fantôme. » Parce que selon elle j’avais une tête à aller bien ? Elle n’était pas très perspicace à première vue. Je levais brièvement yeux vers elle, à la fois pour la défier et me confronter à la dure réalité de ce visage… Froidement je lui demandais de vaquer à ses occupations… « Je vais très bien ! Ça irait nettement mieux si vous cessiez de polluer mon oxygène ! Partez ! » Machinalement je rouvris l’ouvrage, manquant de démembrer. Cependant, elle ne semblait pas comprendre. Elle resta là à me regarder. Qu’avais-je donc de particulier pour qu’elle demeure immobile. Je ne l’avais pas sonné, je ne voulais plus la voir, elle pouvait déguerpir. Soudain, un coup de sang me fit plus encore pester : « Qu’est ce que je vous ai dit ? PARTEZ ! » Dans un mouvement inconsidéré le grimoire fit un vol plané et alla glisser sous un rayonnage.

    Je la foudroyais du regard. « Je…Pardon. » Puis elle blablata longuement. C’était du chinois pour moi, je ne comprenais pas tout, je saisissais simplement quelques bribes de ci, de là, sans pour autant comprendre avec exactitude le sens de ses paroles. « J’avais tort d’essayer de vous retrouver. De toute évidence, je vous dérange, et non pas l’inverse. C’est juste que…vous m’avez agacée, voilà, vous m’avez agacée à me regarder de la sorte. Ce n’est pas une façon de regarder une dame de mon rang, voilà pourquoi je me suis sentie vexée. Mais au fond, ça n’a pas d’importance, vraiment pas d’importance. Aussi je vais m’en retourner à mon devoir, et vous laisser tout le loisir de vous pencher sur le vôtre. » Je levai une nouvelle fois les yeux. Elle avait donc fini avec son moulin à parole. Elle était donc pire qu’un perroquet. J’étais sauf à présent, sa bouche était close : « C’était une erreur. Une grossière erreur. » En effet, c’était une grossière erreur, je n’aurais pas dû me rendre à la bibliothèque. Qui aurait pu se douter qu’une rencontre anodine, il faut bien le reconnaître, me bouleverserait autant et mettrait à mal mon sang froid proverbial. Elle n’avait donc pas fini de jacasser : « Au fait, merci pour le livre. » Je croisais mes mains, levant les yeux au ciel avant de la regarder droit dans les siens, par défi, pour lui montrer, qu’elle ne me changerait pas, que c’était peine perdu. « Vous auriez simplement prononcé la dernière phrase vous auriez gagné un temps précieux et vous m’auriez évité un mal de crâne. » Je trouvais que j'avais l'art pour être odieux, surtout à ce moment précis. Habituellement j'essayais de faire de mon mieux pour m'intégrer autant que possible dans la communauté insulaire. Mais là, comment vous dire, c'était trop pour moi, trop à supporter... Ce visage. Pourquoi? Pourquoi? « Pourquoi? » A trop penser, j'en avais oublié les mouvements de ma bouche qui me firent dire le dernier mot. Je fis mine de rien, qui sait, elle n'avait peut-être pas entendu. Malencontreusement j'avais mis de l'huile sur le feu. Sans même la regarder, je me levais afin de récupérer le livre voltigeur. M'accroupissant, face à une étagère, je laissai une de mes mains se baladait dessous elle. La poussière ne devait pas être faite souvent. Avant de tomber sur mon bouquin ma main fit la rencontre de quelques moutons. C'était quelque peu ragoûtant... Du moins ces moutons là. La main sur le trésor, je fis volte face pour regagner ma place. Cependant je n'avais pas prévu qu'elle me suive du regard, ou quoi que ça soit et j'eus un mouvement de recul imprévisible lorsque je vis une nouvelle fois ce visage... Elle n'était décidément pas partie.
Gabriel de Mortefontaine
Hell ! It's Gabriel de Mortefontaine

❝ Copyright © : Odairs
❝ Célébrité : Gaspard Ulliel
❝ Missives envoyées : 17



⚡ chocogrenouille
Pureté du Sang: Sang-mirage
Année Scolaire: Sixième année
Race: Angelin
les livres sont sacrés, prière de ne pas les abîmer.  Empty
Revenir en haut Aller en bas
MessageSujet: Re: les livres sont sacrés, prière de ne pas les abîmer. les livres sont sacrés, prière de ne pas les abîmer.  EmptyDim 27 Nov - 9:32

Il n’allait vraiment pas bien. Et il n’était pas nécessaire d’avoir un diplôme en médicomagie pour le comprendre. Je lançai un regard oblique dans les environs, ne serait-ce que pour savoir qui j’allais bien pouvoir appeler en renfort. Juste au cas où. Mais à dire vrai, ce n’était pas ce qui m’inquiétait le plus. Ma seule présence suffisait à attiser son mal-être, qu’il tentait de dissimuler du mieux qu’il pouvait. Mais c’était peine perdue, il se montrait clairement hostile à mon égard, sans que je ne sache réellement pourquoi. Il me détestait sans raison apparente, et cela me déplaisait fortement. Je savais bien qu’on ne pouvait pas plaire à tout le monde, d’autant plus que ma réputation me suivait toujours d’extrêmement près, mais ce n’était vraiment pas une raison. Il n’avait pas le droit de se comporter ainsi envers moi. J’étais une fière Marquise, de sang-pur qui plus est, et, appartenant à l’élite magique de surcroît. Il était donc impératif qu’il me respecte, et si ma personne le rebutait autant, qu’il respecte au moins l’étiquette. Mais à ce moment précis, il se fichait comme d’une guigne, que je sois marquise, duchesse ou que sais-je. Tout ce qu’il voulait, c’était que je parte sans demander mon reste. De préférence, que j’en vienne à oublier qu’il m’avait aidée. Qu’il soit tranquille à ce sujet, je ne reviendrai pas l’importuner, je n’étais pas de ceux qui abusaient de la bonté des autres, je savais bien me débrouiller toute seule, je n’étais pas non plus impotente. Et, s’il prétendait me connaître suffisamment pour se permettre de me haïr, il devrait en outre savoir que je n’étais pas du genre à m’encombrer d’une quelconque gratitude. Je prenais ce qu’on me donnait, et les autres n’avaient rien à espérer en retour. J’étais égoïste et je ne m’en cachais même plus. C’était humain de désirer garder pour soi ce que l’on possédait, jalousement qui plus est. Il fallait bien rendre à César ce qui appartenait à César.

J’allais partir. Non pas parce que son hostilité semblait clairement me le commander, mais parce que j’estimais ne plus rien avoir à faire ici. J’avais fait tomber mes livres, il me les avait rendus, en principe, cela s’arrêtait là. Mais, un tel comportement, à mon sens, était insolite. Il s’était montré d’une particulière gentillesse en volant à mon secours, et là, il se montrait désagréable au possible. Regrettait-il son geste? Ses prunelles glacées croisèrent les miennes, et ce que j’y vis me fit reculer légèrement. Il semblait en proie à une violente douleur, à un tourment que je ne saurais identifier avec exactitude. Et, évidemment, il était en colère de se montrer dans un tel état de faiblesse. Il m’en voulait pour cet affront que je venais de faire à sa fierté. Mais je n’y peux rien, moi, s’il m’avait rendu mon livre, je ne lui ai rien demandé! Alors, s’il regrettait son geste, il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même. « Je vais très bien ! Ça irait nettement mieux si vous cessiez de polluer mon oxygène ! Partez ! » Je vais très bien. Jamais mensonge n’avait paru aussi sincère. Et pourtant, cela crevait les yeux qu’il allait mal. Je persistais et signais dans ce sens. D’autant plus qu’il venait de confirmer clairement que j’étais la source de son malaise, ce qui me vexa profondément. Je ne pensais pas être repoussante à ce point, j’étais l’une des plus belles femmes du royaume, mais à présent j’en doutais. Discrètement, je sentis une mèche de mes cheveux, avant de soupirer parce que la situation était vraiment ridicule. D’ailleurs, je venais de rougir, même si je ne saurais dire si c’était de colère ou de honte. Dans tous les cas, deux plaques rouges s’étaient dessinées sur mes joues, tellement brûlantes qu’on aurait pu y faire cuire un œuf. Je bouillonnais littéralement, d’une colère surgie de nulle part. Parfois, j’en venais à détester mon tempérament sanguin, mon côté fougueux qui me faisait parfois dire des choses amplement regrettables. Ce type était un imbécile, il venait de provoquer mon courroux, et c’était bien simple, il allait me le payer. Je ne savais pas encore comment, mais il allait devoir répondre de ses paroles. « Qu’est ce que je vous ai dit ? PARTEZ ! » Je clignai des yeux alors qu’il venait d’envoyer valser son livre je ne savais où. Je devais partir, m’ordonnait-il? Eh bien, il allait être déçu. Par excès de curiosité, ou de stupidité, allez savoir, j’étais déterminée à comprendre. Il n’allait pas tarder à savoir que je détestais ne pas comprendre. « NON. » je répondis, fermement « Il n’en est pas question. Je ne partirai pas d’ici tant que vous ne vous seriez pas excusé de vous comporter comme un rustre. Ce n’est pas ainsi que l’on s’adresse à une marquise. » J’avais posé mes livres sur la table, et je le toisais de mes prunelles claires. Qu’il s’obstine donc. J’avais tout mon temps. Dans l’immédiat, je n’avais rien à faire d’important. Je m’étais excusée, il n’avait plus qu’à faire de même et nous serions quittes. Était-ce donc si difficile? Apparemment, oui. Mais apparemment, il décida de m’ignorer, purement et simplement. Superbement, je dirais même. « Vous auriez simplement prononcé la dernière phrase vous auriez gagné un temps précieux et vous m’auriez évité un mal de crâne. » Un rictus mauvais s’invita sur mes lèvres rosées, alors que je retenais à grand peine un sifflement sarcastique. Donc, il persistait et signait lui aussi? Nous n’étions pas sortis de l’auberge, si nous étions aussi obstinés l’un que l’autre. « Pourquoi? » avait-il ajouté. Oui, pourquoi, l’éternelle question.

Puis finalement, il s’était levé. Je crus qu’il allait partir, mais il n’en fit rien, après tout, il n’avait même pas rangé ses affaires. Et la logique voulait qu’il ne les abandonne pas ici. Une pensée sournoise me vint alors à l’esprit. En admettant qu’il les laisse effectivement, et détale sans demander son reste, pour les récupérer, il devra bien venir me les réclamer, n’est-ce pas? Ce qui signifiait qu’il n’était pas encore débarrassé de moi, et même sans cette dernière hypothèse, il me devait des excuses. Et j’étais bien déterminée à les lui arracher, ces excuses, de gré ou de force. Il allait devoir comprendre qu’on ne s’adressait pas ainsi à une de Beaulieu sans en payer les conséquences. Ma réputation, après tout, n’était pas fondée sur du vent. J’attendais donc patiemment qu’il revienne. Il allait aussi comprendre que j’étais moi aussi têtue et obstinée, peut-être était-ce complètement stupide, mais qu’importe, à l’âge que j’ai, on ne me refera pas. Mes penchants masochistes n’étaient de toute manière plus à démontrer. J’allais forcément obtenir gain de cause, peu importe si j’y perdais des plumes au passage. « Pourquoi? » je finis par demander en écho, alors qu’il était revenu. « Pourquoi quoi, d’abord? Pourquoi je m’obstine à vouloir des excuses, pourquoi je ne vous laisse pas tranquille alors que vous semblez souffrir le martyr quoi que vous puissiez en dire, ou alors, peut-être que vous regrettez amèrement votre geste. Peut-être même ces trois raisons à la fois. » Je m’interrompis pour reprendre mon souffle, des vagues de colère continuant à déferler en moi alors que je serrai les poings. « Tout aurait été également plus simple si vous m’aviez présenté vos excuses sitôt après m’avoir parlé sur ce ton, mais apparemment, cela équivaudrait à vous arracher la langue. Néanmoins, j’aurais accepté vos excuses et je serai effectivement partie. Vous auriez alors été en paix et tout le monde en serait sorti gagnant. » Mes doigts pianotaient nerveusement les livres empilés devant moi. Je ne les avais même pas encore empruntés que je ne pouvais déjà plus les voir en peinture. Tant pis. Je pouvais tout au moins faire en sorte que cette situation n’ait pas dégénéré pour rien. Parce que si je m’étais avisée de remettre les manuels à leur place, ça aurait été le pompon. Je tirai la chaise en face de lui pour m’y installer, sans rien demander à personne. «Maintenant, c’est à mon tour de demander pourquoi. » Puis, en le regardant droit dans les yeux. « Oui, pourquoi vous êtes comme ça avec moi? Qu’est-ce que je vous ai fait? » à part exister, je ne voyais pas ce que j’aurais pu lui causer comme autre tort. Et, si effectivement il m’en voulait du simple fait de mon existence, alors, je ne pouvais rien pour lui. Il allait devoir faire avec, je n’allais pas m’effacer pour ses beaux yeux. Aussi beaux fussent-ils.
Joséphine S. de Beaulieu
Hell ! It's Joséphine S. de Beaulieu

❝ Copyright © : streamy
❝ Célébrité : Natalia Vodianova
❝ Missives envoyées : 21



⚡ chocogrenouille
Pureté du Sang: Sang-pur
Année Scolaire: Sixième
Race: Sorcière
les livres sont sacrés, prière de ne pas les abîmer.  Empty
Revenir en haut Aller en bas
MessageSujet: Re: les livres sont sacrés, prière de ne pas les abîmer. les livres sont sacrés, prière de ne pas les abîmer.  Empty

Hell ! It's Contenu sponsorisé


les livres sont sacrés, prière de ne pas les abîmer.  Empty
Revenir en haut Aller en bas

les livres sont sacrés, prière de ne pas les abîmer.

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut

Sujets similaires

-
» SILÆ&GAËL • s'en livrer aux livres
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
 ::  :: Deuxième étage :: Bibliothèque-
Sauter vers:

Créer un forum | ©phpBB | Forum gratuit d'entraide | Signaler un abus | Forum gratuit